mardi 11 octobre 2011

Lume

KOZAPI COLLECTIV
installation modules - pastels gras et encres - linogravures - BD - photos - création sonore
  
du 4 au 30 novembre
salle Espalioux à Pamiers
ouverture : mardi, mercredi, vendredi de 14 h à 16 h
samedi de 10h30 à 13 h
entrée libre

vernissage le vendredi 4 novembre à 18 h 30
 
 Maria Tanasé vue par Paco

Lume est le titre d'une chanson populaire roumaine des années 30, poème mélancolique célébrant l'amour de la vie et l'inéluctable fin de notre passage sur terre. A partir du mot Lume sui signifie en roumain cosmos, genre humain, humanité nature, peuple, plèbe, réalité, univers... en un mot le monde - Kozapi Collectiv présente une installation labyrinthique occupant tout l'espace de la salle Espalioux. Ce groupe protéiforme s'est donné pour défi d'allier la créatin individuelle et la composition collective, de construire un ensemble cohérent d'oeuvres inspirées tant par cette chanson que par sa célèbre interprète Maria Tanasé.

Brice D.
Jean-Claude Ajas, sculptures - Brice D., photographies et vidéo – Paco, dessins et peintures sur verre - Paul Shark, linogravures, encres et pastels gras - chacun donnera sa vision ou son interprétation de Lume, accompagnés par une création sonore signée Youl.    

 Sur la scène, au fond de la salle, un diaporama sonore de Brice D. vidéo d’une performance éprouvant l’individu seul, la peau nue, blanchie, déployant son corps tout en cris silencieux. Ailleurs, la traversée d’un couloir de photos – du même Brice D. - dominées par le bleu nous rappelle l’inexorable cruauté du temps qui passe. Est-ce l’évocation d’une Méduse, visage dont on ne saurait supporter le regard mais que l’on doit affronter pour en sortir « transfiguré » ? 

      Ou sommes-nous, comme le laisseraient penser les dessins de Paco un peu plus loin, dans le registre de la saillie populaire qui conjure l’épouvante par la plaisanterie ? Paco nous livre ici son petit monde: « une galerie de personnages, des "tronches" brossées au crayon de papier, parfois peaufinées par ordinateur, qui s'animent en de drôles de bandes-dessinées. » De la peinture sur verre au dessin crayon,  de l’illustration à l’abstraction et au jeu des couleurs, Paco s’interroge et cherche : « Où est la vie? Où sont les puissances? Je parle des puissances de la nature, celles qui nous hébergent, de celles-là nous devrions avoir peur, or nous n'en parlons même plus. » Ou encore «  Je cherche à connaître les sens humains, seule clé, dit-il, de l'homme dans le monde. ». Ce monde qui cherche toujours son humanité.
dessin - Paco
Dans cette humanité perdue errent les personnages désabusés, tristes et un peu lugubres de Paul Shark. Dans ses pastels gras traités comme des peintures, les couleurs parfois contrastées et violentes rehaussent les gris et rendent palpable cette désespérance. D’aucuns retrouveront quelques influences des grands maîtres du XXe siècle. Paul Shark présentera aussi des encres et lavis créés précisément pour cette exposition ainsi que des linogravures destinées à illustrer une nouvelle de l’écrivain Michel Pagel.
pastel gras - Paul Shark

On arrive maintenant au centre de la salle,  au cœur de l’exposition Lume, avec les structures grand format de Jean-Claude Ajas, alias sajA-Ajas. Après avoir travaillé la sculpture sur bois, ce dernier a développé « une peinture extra-visuelle pour aller vers des structures colorées, modules mettant en jeu les quatre dimensions, le blanc, le bleu et le noir, la transparence de l’altuglas et le jeu des miroirs, nous dit-il ». Dans une époque submergée jusqu’à saturation par les images, installer ces miroirs aveugles, ces miroirs non-narcissiques ou miroirs vides sont autant de manières pour déjouer le pouvoir totalisant des « images-idoles », produites par l’industrie et le commerce des apparences. Recherche plastique d’autant plus remarquable que Jean-Claude Ajas a perdu la vue accidentellement à l’âge de 17 ans. 
Jean-Claude Ajas
 Lume, cette installation de Kozapi Collectiv, renvoie à travers ses personnages et leurs histoires, les dessins et peintures, les volumes et jeux de miroirs, à la dualité de l’individu : l’être et son masque, son existence individuelle et sa fonction sociale, sa place dans la communauté humaine.